Méthodes de Travail

Découpage d'un anneau ajouré en or rose ( Septembre 2007 ) retour


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Anneau ajouré 6 mm en or rose 18K '' Colombine ''

La fabrication entièrement à la main de cet anneau en or rose 18K prendra environ de huit à neuf heures de travail.

La recette classique de l'or rose 18K est un mélange de 75% d'or pur, de 20% de cuivre pur et de 5% d'argent pur. Pour avoir la certitude d'un mélange homogène, je lamine toujours le premier lingot fait avec un nouveau mélange jusqu'à une épaisseur d'environ 8/10 mm, je le coupe à la cisaille en petits morceaux d'un à deux centimètres de longueur et je refond le tout pour faire un deuxième lingot qui sera lui, parfaitement homogène.

La matière d'oeuvre pour cet anneau sera une plaque de 6 mm de large et de 14/10 de millimètre d'épaisseur.

J’ai décidé avec ce site internet de rendre public tous les aspects de mon travail d’artisan, par contre si mes écrits étaient utilisés pour fin d’enseignement, je demande d’en nommer très clairement l’auteur. Il me fera aussi grand plaisir de répondre à toutes questions permettant de préciser un peu plus mes propos pour faire encore mieux comprendre les aspects et nuances de ces techniques.

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Anneau de base or rose 18K

Une fois la soudure réussie, je martèle l'anneau tout autour sur un triboulet d'acier pour le mettre parfaitement rond et au bon numéro de doigt prévu à la commande. Ces traces de marteau sont visibles sur la photo. À ce stade, je recuis pour la première fois l'anneau, ce qui enlèvera toute forme de tension mécanique à l'intérieur de l'anneau.

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Anneau de base avec division

En prenant soin de bien placer à l'intérieur de l'anneau mon poinçon de maître pour qu'il ne soit pas atteint par le futur découpage, je trace avec un compas à pointe sèche, six lignes tout autour de l'anneau à égale distance.

La recherche et la mise au point d'un dessin pour produire un anneau ajouré n'est pas chose facile.

Pour sa beauté et sa solidité, les pleins et les déliés doivent être équilibrés, les points de contacts bien répartis, la ligne extérieur doit être plutôt continue pour ne pas rendre l'anneau accrochant, la disposition du ou des motifs ne devra pas permettre de trouver un début ou une fin au dessin, ce qui d'ailleurs est le sens même d'une alliance.

Un anneau avec une position précise sur le doigt, comportant un motif, une pierre, un plateau, une largeur ou une forme particulière est en fait une bague.

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Premier dessin à l'encre de Chine

Avec un porte-plume et sa simple plume métallique trempée dans de l'encre de Chine, très utile en bijouterie-joaillerie pour entre autres dessiner les mises en pierre, je trace les deux premiers oiseaux et les courbes qui les accompagnent. Le dessin à l'encre de Chine, une fois sec, se rectifie très facilement avec une aiguille à coudre tenue dans un roule goupille.

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Dessin à l'encre de Chine tout autour de l'anneau

Un dessin bien étudié se tracera relativement facilement tout autour, en prenant soin de bien respecter les lignes délimitant l'espace de chaque motif. Plus le dessin sera tracé avec précision plus le travail de découpage en sera aisé.

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Pose d'un vernis à ongle sur le dessin

Une fois le dessin terminé, j'utilise un vernis à ongle incolore à séchage rapide pour protéger le dessin pendant le découpage. Encore un produit détourné au profit de la bijouterie-joaillerie et ce n'est pas le dernier.

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Perçage des trous avec un foret aiguille fait main

Encore et toujours avec une aiguille à coudre en acier trempé, qui cette fois-ci sera transformée en foret fait à la main, je perce des petits trous perpendiculairement tout autour de l'anneau.

Je compte d'ailleurs consacrer tout un article à l'utile et nécesaire aiguille à coudre en acier trempé, qu'elle soit suédoise, allemande ou chinoise, pourvu qu'elle casse net, signe qu'elle pourra efficacement être aiguisée à la pierre Arkansas.

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Premier découpage avec une scie 3/0

En passant la scie 3/0 dans un trou et dans un deuxième en face et aux antipodes de l'anneau, le découpage se fait dans une première étape sans trop chercher une grande précision. Pour ne pas découper la partie du dessous et en découpant uniquement le dessin du dessus, il faudra prendre bien soin de toujours sentir avec le pouce le dos arrondi de la lame de scie toucher le métal de l'anneau.

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Anneau recuit une première fois après le premier découpage

Suite à ce premier découpage réussi, je recuis l'anneau pour brûler complètement l'encre de Chine et le vernis à ongle et ainsi retrouver l'anneau partout d'une seule couleur jaune mate.

Des traces laissées par l'aiguille utilisée au début pour rectifier le dessin à l'encre de Chine, sont encore visibles et vont faciliter grandement le deuxième découpage. Une scie très bien tendue dans le porte-scie est nécessaire pour avoir un parfait contrôle lors du découpage. Cette scie tendue permets aussi de limer le métal en attaquant de face, comme on pourrait le faire avec une lime miniature.

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Gravures plus précises sur l'anneau

Avec une échoppe ou une onglette, sujet de discussion non résolu dans le métier, je grave les lignes qui bordent le corps, l'aile et la queue de chaque oiseau.

Ainsi se révèle petit à petit le dessin.

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Scie passant de part en part de l'anneau

La scie passant d'un bord à l'autre de l'anneau est ici très facile à comprendre. Il n'y a que cette méthode qui permette d'avoir une bonne lecture du motif en sciant le métal perpendiculairement à la surface.

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Limes aiguilles nécessaires à ce travail

Une lime aiguile ronde, une lime aiguille dos d'âne, une lime aiguille carrée et une lime aiguille triangle servent ici à limer et sculpter les motifs atteignables à l'extérieur tout autour de l'anneau. Chaque outil collabore ainsi à faire naître, petit à petit le bijou commandé.

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Anneau recuit mais non déroché

Après s'être assuré que le travail aient été faits au mieux par les limes, l'échoppe, le foret et la scie, je recuis une fois de plus, ce qui donnera cette couleur noir à l'anneau, due à l'oxydation à haute température de l'argent et du cuivre présent dans le mélange d'or rose 18K.

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Anneau déroché prêt pour le polissage

Mis à tremper quelques instant dans le déroché ( mélange d'une partie d'acide sulfurique pour neuf parties d'eau ), chauffé par une simple bougie de chauffe-plat, l'anneau retrouve sa couleur jaune mate qui fera un très beau contraste avec les futures parties polies et brillantes de l'or rose 18K.

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Polissage avec disques en feutre

Pour respecter les surfaces et les angles du travail, le polissage de la quasi totalité des bijoux que je fabrique se fait à ma place de travail avec des disques de feutre de différents diamètres et duretés en ayant auparavant utilisé des papiers d'émeri de grade 600 et même 1500, très doux au toucher.

Ensuite et seulement ensuite, un avivage final et rapide se fait avec un gros disque de coton cousu monté sur un gros moteur électrique trounant à grande vitesse.

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Anneau prêt pour la livraison

Le nettoyage final se fait avec un bain à ultrasons dans lequel se trouve un mélange bien simple d'eau très chaude contenant un peu de produit de nettoyage à base d'amoniaque disponible dans toutes les épiceries et d'un peu de savon à vaiselle. Séparément rien ne fonctionne, les deux ensembles le nettoyage se fait en quelques instants. Il ne faudra jamais oublier de rincer à l'eau courante, pour que le métal demeure avec une belle brillance parfaite.

Je dois maintenant vous laisser car il me reste une dernière étape très agréable et gratifiante, celle de donner un coup de téléphone à la cliente pour lui dire qu'enfin le bijou commandé est prêt.

Je vous souhaite du BONHEUR et une BELLE journée en atelier.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier
Québec le 22 septembre 2007


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