Méthodes de Travail

Bague or avec trois diamants sertis griffes ( 6 janvier 2011 ) retour


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Lingot de départ et les trois diamants de 4/100 ct

Les bagues diamants sont certainement les plus populaires, celles qui plaisent le plus, et celles que j'aurai fait le plus toujours avec grand plaisir.

Plusieurs de mes bagues sont faites à partir de cette méthode...une base d'une seule pièce, avec dans ce cas une seule soudure dans le bas, hormis celles nécessaires pour souder les griffes.

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Début du tréfilage du lingot

Tout commence par un lingot qui sera tréfilé pour obtenir du fil carré, pour cela il faudra s'assurer de diminuer d'au moins un peu plus de deux fois le volume du métal. Ce qui sera largement le cas pour cette bague.

Le lingot est au départ un lingot de quatre millimètres d'épaisseur et d'environ cinq millimètres de largeur.

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Le tréfilage avance

Du début du tréfilage jusqu'à obtenir un fil brut à huit côtés, il n'est pas nécessaire de recuire. Les lingots d'or de cette dimension se tréfilent assez rapidement et aussi plutôt facilement même avec un tréfiloir sans démultiplicateur.

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Fil brut avec huit faces

Ce fil brut d'à peine plus de trois millimètres de section, tout frais sorti du tréfiloir devra être IMPÉRATIVEMENT recuit, opération qui consiste à le chauffer à rouge et à le laisser refroidir, lui redonnant ainsi une plasticité qui le rendra facile à passer dans les trous successifs d'une filière carrée.

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Le fil devient carré en passant dans la filière...carré

Les diamants de tailles brillants de quatre centièmes de carat font en théorie un diamètre de 22/10 mm, et pour avoir une surface de mise en pierre de largeur suffisante dans le haut de la future bague, je tire donc ce fil à 24/10 mm, ce qui me fera une petite marge pour les questions d'ajustage.

Pour que ce fil carré se tire bien, il ne faudra pas oublier de mettre de la cire d'abeille sur le fil pour chaque passe, les fils carrés étant les plus difficiles à tirer.....même à ces dimensions il est préférable de recuire à tous les deux trous autrement il devient presque impossible de passer à un troisième trou surtout dans les plus grandes dimensions.

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Section de fil carré

Si il y a une astuce particulière pour cette bague, comme beaucoup d'autres que je fabrique, c'est à cette étape qu'elle arrive.

En marquant avec une aiguille une surface ( au centre de la tige or) qui demeurera en cet endroit à l'épaisseur initiale ( 24/10 mm ) et qui sera d'une longueur à peine plus grande que les trois diamants mis les uns à côté des autres ( comme sur la photo) soit environ 7 mm ( 3 X 22/10 mm et un peu plus ), ces deux marques me serviront alors de repères pour arrêter le laminage que je ferai d'un côté et de l'autre, opération qui ne peut se faire qu'avec un laminoir avec manivelle.

Ainsi j'obtiens un corps de bague à plat dont les parties de gauche et de doite feront 16/10 mm d'épaisseur et une au centre (emplacement des trois diamants à sertir) qui sera encore à 24/10 mm d'épaisseur et à 24/10 de largueur.

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Corps de bague prêt à la soudure

Pour calculer facilement la longueur de la tige or avant le pliage, il faut se servir de préférence du système métrique, qui a l'immense avantage de numéroter les bagues en fonction de leurs circonférences intérieures en millimètre ( par exemple une bague au numéro 55, fait en réalité 55 millimètres de circonférence intérieure.....simple et surtout très pratique en atelier).

Il faudra donc prendre ce chiffre de la grandeur visée et y ajouter deux fois l'épaisseur du corps de bague (ici 2 fois 16/10 mm) donc 32/10 mm, et ajouter encore un petit millimètre pour tenir compte de la soudure en '' V '' qui se fera à la base.

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La soudure est faite et solide

Les soudures en '' V '' ont l'avantage d'offir une surface de soudure près de 40 % plus grande qu'une soudure perpendiculaire.

Ce type de soudure offre aussi l'avantage que les deux parties à souder, le temps de la soudure, ne bougeront pas et resteront bien en face l'une de l'autre...un soucis de moins.

Autre qualité de cette soudure est sa grande résistance au martelage, on peut même dire que cette soudure s'écrouit au moment de la mise en forme au marteau ou lors de mises à grandeur qui interviendront éventuellement beaucoup plus tard dans l'histoire de la bague.

Il est reposant lorsque vient le temps de faire une mise à grandeur de savoir que la soudure faite il y plusieurs années tiendra le coup...... sans problème.

Les soudures perpendiculaires ont elles, la facheuse tendance et c'est bien normal de parfois se fracturer lors d'un martelage.....

Alors les soudures en '' V '' sont une belle assurance à long terme pour moi, pour mes clients et mon fils qui aura peut être à faire une mise à grandeur dans...cinquante ans.

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Passage du papier d'émeri à l'intérieur avec un émeriseur

Une fois la mise à grandeur faite et la bague bien ronde, un simple papier d'émeri monté sur un émeriseur permet d'avoir un intérieur de bague tout beau et tout propre.

Avant de faire la soudure, j'ai bien sûr profiter du fait que la tige or était à plat pour y apposer mon poinçon de maître.....ma signature.

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Percage du premier trou avec un foret aiguille

Une premier trou fait avec un foret aiguille, bien au centre, le plus facile à faire.

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Ajustage du premier diamant

Ce premier trou sera agrandi avec une fraise flamme, mais pas complètement...............

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Premier diamant au bon niveau

Avec une fraise conique, le trou sera agrandi en angle de sorte à ce que le haut du diamant dépasse de la surface or, seule sa culasse sera sous le plané de la bague. Ainsi de côté on percevra complètement son feuilleti ( ou rondiste ).

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Ajustage des trois diamants terminé

Ajuster le premier diamant est un jeu d'enfant ( de bijoutier ) mais les deux autres devront être ajustés à égale distance et surtout à une distance de celui du centre qui tiendra compte de la dimension des griffes choisies en fonction de la dimension des diamants.

Pour ce modèle les griffes seront faites avec du fil à 8/10 mm, la distance entre les diamants peut donc être d'un dizième de millimètre, mais pas plus, car en joaillerie, le plus bel effet de brillance est obtenu lorsque la brillance est sans interruption métallique entre les pierres.

Rien de plus laid que toutes ces bagues joaillerie où les '' mauvais joailliers '' croient bon d'étirer la disposition des pierres par soucis d'économie.....horreur. Ainsi se succèdent, dans ces bagues ratées, brillance et absence de brillance, tout le contraire de l'idéal de la joaillerie classique.

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Traits de scie sur les côtés

C'est maintenant qu'il faut avec une scie 3/0, tracer et creuser un simple ligne entre les pierres, futurs emplacements de griffes.

Pour ce faire, je scie dans un sens et dans l'autre, cela me permet de bien juger de l'équilibre de ces traces qui devront toutes se diriger vers un centre imaginaire un peu plus bas que le centre du diamètre de la bague.

Comme on le voit bien sur la photo cette trace ne doit pas aller toucher les bords des trous qui recevront les diamants.

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Limer les côtés avec une lime carré

Avec une lime carré on peut alors descendre cette ligne, toujours sans toucher les bords du trou dans le haut de la bague...là encore une étape où la régularité est le gage d'un travail qui donnera un beau et solide résultat.

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Creuser avec une fraise cylindre et usage d'une lime coulisse

Avec une fraise cylindre de 8/10 mm, il faudra finir de descendre les emplacements des griffes....cette fois en se rapprochant très près des bords du trou où seront posés les diamants.

Une lime coulisse Vallorbe de 8/10 mm (marque suisse) pourra aussi aider à rendre le fond de ces creusures bien nettes et bien dans les bons angles....parrallèles à la bordure de la bague et en direction d'un centre...théorique.

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Les griffes pliées en deux

Les griffes seront montées, deux par deux, en forme de '' U '' ce qui permet de les mettre en place avec un effet ressort, pas besoin donc de les attacher, elles tiendront toutes seules au moment de la soudure.

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Creusure du haut du corps de bague

Avant de souder ces griffes, il faudra préparer les deux courbes latérales qui feront le lien entre le haut de la bague et niveau du corps de bague......autrement avec la présence des deux dernières griffes il serait trop difficile de bien limer aisément ces deux courbes qui donnent de l'élégance à la bague.

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Casser l'angle du corps de bague pour faire un point de repère.....

Toujours avant de souder les griffes, je prépare la surface du corps de bague qui sera limé '' fidelis '' nom que je donne depuis longtemps aux surfaces courbes de mes corps de bague et à certaines alliances.

Pour faire un repère des bordures de cette courbe, je lime en angle tout autour de la bague un chanfrein qui me servira de guide au moment de limer courbe le dessus de la bague, ainsi je saurai où arrêter mes gestes avec la lime.

Les notions de points de repères et de lignes de repères sont de la plus haute importance pour progresser sans perdre le nord dans toutes les opérations de transformation que nécessite la fabrication d'un bijou ( bien fait ).......Je ferai, un jour, un article sur ce vaste sujet...avec tous les exemples pour en faire comprendre le nombre et la très grande utilité. Sans eux pas de construction précise possible.

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Les griffes prêtes à être soudées

Maintenant tout est prêt pour enfin souder les griffes....

Elles tiennent toutes seules...c'est évident...et pratique.

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Mise en place des paillons de soudure no 6

Avec un petit effort, on apperçoit sur la photo les paillons de soudure, un peu en longueur, situés à la gauche de chacune des griffes.

Dans un premier temps je boraxe le tout et je chauffe le tout pour fondre le borax et c'est ensuite seulement, dans une deuxième étape que je pose les paillons ( un côté de la bague à la fois ) ainsi les paillons ne bougeront pas au moment de la soudure......non mais...

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Soudure terminée avant déroché

Les soudures sont faites.

Dernière vérification à la loupe 10X pour être bien certain que toutes les soudures sont bel et bien réussies.

Et hop..... le tout au déroché....pour désoxyder l'or 18 K et enlever toutes traces de borax.

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Les griffes sont prêtes

Reste à couper les griffes à la pince, deux par deux, pour ne pas les déformer et ensuite les limer...un peu basses mais pas trop.

Le sertissage est une question de levier, il faut donc avoir un peu de hauteur pour pouvoir les pousser facilement sur les diamants.

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Disque de papier d'émeri passé sur les côtés

Les bords de la bague, avant de sertir avant le premier polissage seront repris à la lime carré mais surtout à la lime aiguille triangle ( toujours des limes Vallorbe...suisses )....

Et ensuite ces bordures seront émerisées en douceur,avec de simples disques de papier d'émeri, ici numéro 800.

Cette opération doit être minutieuse....et surtout bien respecter les surfaces plates et parrallèles des bords de la bague et des longueurs des griffes sur les côtés.

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Griffes avant sertissage

Un premier polissage, avant de sertir, permettra de rendre parfaitement lisses des endroits près des griffes qui deviendraient difficiles d'accès une fois les pierres en place.

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Un plat à l'intérieur des griffes avant de sertir

Avec une échoppe plate, il faudra creuser un petit plat à l'intérieur des griffes ( un plat de deux ou trois dizièmes de large sur le bas de la griffe et à peine plus d'un millimètre de hauteur...pour que le diamant descende bien en place....mais pas plus) en direction du centre de chacun des diamants de sorte à ce que la base de la griffe soit à peine plus faible que la section du fil utilisé pour la fabriquer.

Ce principe est d'une grande importance en sertissage.....Un levier et un point de pliage....Tous deux permettant de bien contrôler comment se rabattra le métal sur le pierre à sertir.

Là aussi il faudra bien que j'écrive un grand baratin sur ce sertissage, qui parfois semble bien '' sorcier '' à des joailliers ne sertissant pas eux-même.....et pourtant sertir ses propres bijoux nous rends meilleur ajusteur de pierres et ce qui nous aident tout naturellement à bien sertir.......et tous ces mystères s'éclairent alors d'eux mêmes.

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Premier geste de sertissage

L'idéal étant de placer les diamants en croix, c'est à dire de positionner la table de chaque diamant en tenant compte de l'orientation de des huits côtés de cette table...de sorte à ce que tous les diamants soient orientés de la même manière...Là aussi ce petit détail augmente la finesse et la beauté de la bague.

Ne reste qu'à pousser très progressivement toutes les griffes, celles touchant la pierre du centre simplement vers celle d'en face, et celles aux extrémités, légèrement vers l'intérieur de la bague, ces quatres griffes extérieures n'ayant qu'à tenir un seul côté d'une seule pierre.

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Griffes rabattues complètement

Pour rabattre complètement ces griffes, il faudra à l'occasion se servir de la scie 3/0, au milieu et dans le sens de la longueur de la bague pour séparer les griffes qui ne manqueront pas de se toucher deux à deux au centre, ce qui les empêchent de descendre complètement.

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Griffes avant d'être sculptées en forme de demi-boule

Commence alors un travail de lime pour enlever le plus gros du métal inutile......et ensuite continuer ce travail de sculpture des griffes avec des limes aiguilles triangles fines et des échoppes pointues et plates.

L'échoppe plate (un millimètre de large suffit) permet de gratter par l'intérieur les griffes et par un mouvement qui remonte enlever petit à petit du métal pour sculpter en arrondi l'intérieur des griffes qui reposent sur chacun des diamants.

L'extérieur des griffes sera facilement obtenus en formes de demi boules à la lime aiguille.

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Bague terminée et prête à être livrée

Un coup de polissage final et on va se coucher.......à moins que le client n'attende en bas dans la boutique......

Je retoucherai ce texte, si j'y trouve des fautes de syntaxe ou des fautes d'orhographes, mais pour l'essentiel je crois n'avoir rien oublié. Dans le cas contraire, tant que je serai vivant je répondrai volontier à toutes questions.

Belle journée, soyez heureux à la cheville...j'y suis.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier
Québec 6 janvier 2011


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