Méthodes de Travail

Rare sont les chevalières encore faites à l'aide de cette méthode qui demande à la fois une grande quantité de métal dès le départ et des efforts relativement importants pour plier, marteler, mettre en forme et limer les épaisseurs en question.

Lingot de 9,5 mm X 13,5 mm X 52 mm

Comme pour tout autre bijou fait entièrement à la main sans moulage, la première étape sera de faire un lingot. Celui-ci fait 9,5 mm d'épaisseur, 13,5 mm de largeur pour un longueur de 53 mm.

Laminé à 44/10 mm

L'épaisseur nécessaire pour fabriquer une chevalière correspond à la plus grande épaisseur mesurée au niveau de l'arête se trouvant à la jonction d'un côté du plateau et le début du corps de bague qui va ensuite en diminuant continuellement jusqu'à la base.

L'épaisseur choisie pour cette chevalière est de 44/10 mm, épaisseur où se trouvera le plateau de 13 mm X 10 mm.

Recuit

À cette étape, un recuit régulier permettra de laminer à la main les deux côtés dans un sens et dans l'autre, tout en préservant à la partie centrale un souplesse maximum pour plus tard courber, presque facilement, cette partie la plus épaisse de la chevalière.

Laminé à 21/10 mm sur les deux côtés

En ayant pris soin de tracer au centre de la plaque la largeur du plateau de 10 mm, on laminera à la main les deux côtés de ce lingot jusqu'à obtenir une épaisseur de 21,5 /10 mm en gardant parfaitement intact cette zone centrale de 44/10 mm d'épaisseur et de 10 mm de longueur.

Limé sur tranche et coupé en longueur à 59 mm

En fonction de la grandeur de doigt, on détermine alors la longueur de métal à conserver. Est prévu ici une grandeur métrique au no: 53.

En ajoutant deux fois l'épaisseur du plané ( 2 X 21,5 /10 mm ) et un millimètre pour la future soudure en '' V ''`à la base, la longueur de la plaque sera donc en principe de 58,3 mm.....je décide donc de couper à 59 mm.....

Mise en forme avec dé à emboutir

Il faut maintenant commencer à plier cette épaisseur de 44 /10 mm.

L'opération sera facilitée par le fait que le centre est recuit et que les deux côtés de la bande de métal sont encore écrouis et donc nettement plus résistant que le centre malgré leurs plus faibles épaisseurs.

À l'aide d'une masse de cinq livres, d'un dé à emboutir dont les bords intérieurs des courbes ont été arrondis pour ne pas trop marquer la surface du plané et d'une grosse bouterolle, avec un seul grand coup de masse, le plané posé sur la plus grande courbe du dé se fera déformer par le diamètre de la bouterolle posée à angle droit sur sa partie cylindrique.

Ce n'est donc pas la partie sphérique de la bouterolle dont on se sert ici mais bien de la partie longue et cylindrique posée à plat, tout autre tige de même diamètre ferait donc tout aussi bien l'affaire.

Emboutir encore plus

Il est en général nécessaire de reprendre la même opréation dans une plus petite courbe du dé à emboutir et aussi une plus petite bouterolle en diamètre . L'objectif étant de se rapprocher le plus possible d'une courbe intérieure correspondant à la grandeur de doigt recherchée.

Emboutissage dans une forme en bois

Après avoir recuit complètement la plaque d'argent, je me suis servi cette fois d'une bouterolle en buis et d'une forme creuse en bois pour arrondir encore un peu plus les deux parties extérieures de la plaque.

Découpage sur quatre parties

Une fois la plaque limée pour être parfaitement parallèle, quatre traces faites au compas permettront de délimiter les quatre parties à découper, ainsi on commence à percevoir la forme classique de cette chevalière.

Il est impératif de bien découper ces quatre formes identique pour qu'ensuite les forces en présence lors du martelage soient d'égale valeur.

Arrondir au marteau par dessous

En posant tête en bas la chevalière sur le dé à emboutir, il sera aisée avec un marteau de rapprocher les deux extrémités.

Mais avant que ne se touchent complètement ces deux parties, il faudra préparer à la scie les deux bords en '' V '', l'un en négatif et l'autre en positif.

Ajustage en'' V '' pour la soudure

Avec un peu d'habitude cette opération d'ajustage se fait en quelques minutes.....hum....

L'immense avantage de ce type de soudure est d'augmenter fortement ( environ 40 % ) les surfaces de contact par rapport à une simple soudure avec bords droits. De plus cette soudure en '' V '' est nettement plus résitante sous les coups de marteau....à venir.

Prêt à souder

Voilà tout est ajusté, boraxé et prêt à la seule et unique soudure de cette chevalière forgée.

Soudé et prêt à marteler...

La soudure est faite et la chevalière, par l'action du déroché, est devenu d'un blanc mat caractéristique de l'argent 925/1000, le cuivre oxydé ayant été lui, complètement dissous en surface par l'acide sulfurique.

Avec le lien suivant, un vidéo sur Youtube vous montrera comment se fait le martelage qui plaquera totalement la surface intérieure de cette chevalière sur la surface d'un triboulet.

http://www.youtube.com/watch?v=qIeZRHjqjEA

Brut:: 12,40 grammes Épaisseurs 41/10 mm et 19,5/10 mm

Une fois la chevalière parfaitement devenue ronde à l'intérieur, il ne reste qu'à limer les bords avec une courbe un peu forte dans le haut et un léger dégradé vers le bas. Dans ce cas 5,8 mm de large au bas de la chevalière.

Le corps de bague lui-même sera plus joli légèrement en courbe sur le dessus, forme que je nomme comme pour mes alliances ''fidelis '', c'est dire de profil, des bords droits et un dessus un peu courbe.

Chevalière polie...1

Pour des questions d'esthétique et de contraste je laisse toujours mat au papier d'émeri le plateau de mes chavalières argent et parfois même pour les chavalière or...surtout lorsqu'elle sont sans gravure.

Chevalière vue de dos....2

Mon poinçon de maître est comme on le voit bien sur cette photo apposé en desous du plateau.

Chevalière debout....3

Les chavalières peuvent avoir de très nombreuses formes de plateau. On peut y graver des armoiries, des initiales ou mille autres symboles et même y sertir des pierres cabochons ou facetées.

Chevalière or et argent

Cette petite chevalière pour dame est faite d'un plané de 38/10 mm laminé sur les deux côtés à 19/10 mm, le centre est un plané de 5/10 mm gravé d'une fleur de lys et maintenu en place par deux rivets.

Chevalière or...

L'épaisseur de cette chevalière en or, faite il y a déjà plusieurs années, devaient être de mémoire environ de 40/10 mm au départ et le corps laminé à environ 18/10.


Je vous souhaite une très belle journée et du plaisir à forger mille chevalières en argent, en or ou encore super rarement en platine....



Michel Zimmermann
Artisan bijoutier-Joaillier
Québec 28 janvier 2012